LES BOURBONS
LOUIS XIV, SA VIE |
LOUIS XIV DOULOUREUSEMENT AFFECTE PAR LA MORT DU GRAND DAUPHIN Il était aimé du peuple de Paris et des soldats, des riches et des humbles. Il avait accès à tous les secrets de l'Etat, mais n'avait jamais pu user de son influence. Le Grand Dauphin, fils aîné de Louis XIV, s'éteint le 14 avril 1711, à l'âge de cinquante ans, sans avoir jamais régné. L'année 1711 est une année noire pour la Maison de France. En moins d'un an, entre le 14 avril 1711 et le 8 mars 1712, Louis XIV va perdre tout d'abord son fils, Monseigneur, puis sa petite bru, la duchesse de Bourgogne, princesse de Savoie, son petit fils, duc de Bourgogne et second dauphin, et enfin l'aîné de ses arrière petits fils, duc de Bretagne et troisième dauphin. Le premier frappé est donc Monseigneur, prince aimé du peuple de Paris et de ses soldats. Le 8 avril, en sa résidence de Meudon, il ressent "un grand mal à la tête". Le 9, une faiblesse et des migraines l'obligent à "rompre sa partie de chasse", l'une de ses activités favorites, et s'aliter. Son médecin, Fagon, redoute la petite vérole. Celle-ci fait son apparition le 10 au soir. Pourtant, la faculté la juge bénigne. Le 12, Monseigneur rêve les "yeux grands ouverts". Le 14, un mardi, le roi préside comme à l'ordinaire, le conseil des Finances, le matin, et le conseil des Dépêches, l'après midi, tout en prenant le temps de se rendre plusieurs fois au chevet de son fils. Au cours de sa visite, peu avant le conseil des Dépêches, il est frappé de "l'enflure extraordinaire du visage et de la tête" qui affecte le Grand Dauphin. Les harangères de Paris se précipitent à Meudon en carrosses de louage pour saluer le prince malade, jurant qu'elles le sauveront en faisant chanter le Te Deum. Les courtisans lui rendent également visite, les uns après les autres, en un interminable défilé.
C'est alors que Fagon, fortement
troublé, s'écrie : "Tout est perdu !". Un
carrosse attend Louis XIV. Mais le souverain, qui, jusqu'à présent, n'a pas craint la
contagion, ne veut pas quitter Meudon. Sans connaissance, Monseigneur est à l'agonie. A onze heures du soir, Monseigneur n'est plus. Fort affligé, Louis XIV, emmené par Madame de Maintenon, part, une demie heure plus tard, se retirer à Marly. La Cour le suit. En un instant, Meudon se vide. Ce soir là, le marquis de Sourches rapporte que "le roi ne peut se mettre au lit que trois heures après être arrivé, appréhendant d'étouffer, tant sa douleur était grande". Le 16 avril, madame de Maintenon écrit : "J'ai vu le roi hier à onze heures, il est en proie à une telle affliction qu'elle attendrirait un rocher. Cependant il parle à tout le monde avec une tristesse résignée et donne ses ordres avec une grande fermeté, mais à tout moment, les larmes lui viennent aux yeux et il étouffe des sanglots. J'ai une frayeur mortelle qu'il ne tombe lui-même malade, car il a très mauvaise mine. Je le plains du fond de l'âme". Tel fut le triste épilogue de la triste vie d'un prince que sa naissance destinait à régner sur la moitié du monde. Nombreux sont les historiens qui s'accordent à dire que la France a, ce jour là, peut-être perdu le meilleur de ses rois. Le dauphin aimait la chasse, les carrousels, les courses de bague, le mail, l'équitation. Il avait réuni de merveilleuses collections, régné à Meudon sur un cercle aussi fermé que raffiné. Chaque fois que son père lui avait confié des responsabilités militaires ou politiques, il s'était montré digne de la confiance royale. Courageux et populaire dans l'armée, attentif et toujours ferme au conseil des Ministres, il avait su se faire aimer des Grands comme des plus humbles. Page MAJ ou créée le 1999 |