LOUIS XIV, SA VIE
	
MONSIEUR, FRERE DU ROI
        
    
    

        
 
            
LA MORT DE MONSIEUR, UNIQUE FRERE DE LOUIS XIV
            
Le 8 juin 1701, Louis XIV et son frère, 
le duc Philippe d'Orléans, ont une violente altercation. Profondément affecté 
et épuisé par cette querelle, Monsieur quitte Marly pour Saint Cloud. Le soir, 
après avoir noyé sa colère en mangeant avec encore plus de voracité qu'à l'accoutumée, 
il est terrassé par une crise d'apoplexie. Le lendemain, 9 juin, le Roi Soleil, 
sincèrement affligé, éclate en sanglots en apprenant la mort de son cadet.
Monsieur, frère du roi et duc d'Orléans, 
va sur ses soixante et un ans, et son état de santé donne des inquiétudes à son entourage. 
Amateur de bonnes chères, de vins fins, de fêtes et de plaisirs, le premier 
prince du sang est fort mal en point. Il est beaucoup trop gros, refuse de se 
livrer à un quelconque exercice physique et ne cesse de se gaver de friandises. 
Le mercredi 8 juin 1701, il se rend au château de Marly, où il a avec Louis 
XIV une entrevue houleuse à l'issue de laquelle chacun remarque la rougeur anormale 
de son teint.
Au moment de prendre place à table, Monsieur paraît souffrant. 
La scène qui vient de se dérouler dans le cabinet royal l'a fortement secoué. 
Son frère l'a vertement tancé à propos des débauches de son fils, le duc de 
Chartres et futur régent, qui méprise et trompe sans vergogne son épouse, Mademoiselle 
de Blois, fille naturelle de Louis XIV et de Madame de Montespan. Pour une fois, 
Monsieur a tenu tête et a répondu avec humeur que son aîné n'avait de leçons 
à donner à personne en matière de fidélité conjugale. Et, très vite, le ton 
est monté.
A la table royale, chacun exhorte le duc 
d'Orléans à la modération et à la prudence. Mais il refuse toutes les propositions 
de saignées, même celle du roi, qui s'inquiète malgré la querelle qui vient 
de les opposer. Comme pour provoquer le sort, Monsieur laisse libre cours à 
sa voracité. Après un copieux dîner, il regagne son château de Saint CLoud. 
Quelques heures plus tard, bien qu'il soit épuisé, il passe de nouveau à table 
pour le souper. Tout se déroule bien jusqu'à l'entremets. Là, alors qu'il s'apprête à servir de la liqueur à une des dames de sa suite, Madame de Bouillon, il se 
met soudain à bredouiller des paroles décousues et s'effondre sans connaissance. 
Conduit en hâte dans ses appartements, il a beau recevoir de l'émétique, être 
saigné, secoué, rien n'y fait : il a été terrassé par une crise d'apoplexie.
Le 
duc de Chartres envoie aussitôt un messager à Marly afin de prévenir son oncle 
le roi. Sur le point de se coucher, Louis XIV s'en va consulter sa chère Madame 
de Maintenon. Doit-il se rendre au chevet de son frère? Son épouse lui conseille 
de ménager sa santé et d'attendre. Le souverain se rend à ses raisons, mais 
dépêche le marquis de Gesvres à Saint Cloud avec pour mission de le tenir au 
courant de l'évolution de la maladie de Monsieur et fait préparer son carrosse 
au cas où... Puis, il se met au lit.
Une heure plus tard, un page apporte d'inquiétantes 
nouvelles à Marly : Philippe d'Orléans est au plus mal, même l'eau de Schaffhouse, 
remède contre l'apoplexie, est restée sans effet. Louis XIV se lève immédiatement 
et fait mander son médecin personnel, le docteur Fagon. Vers trois heures du 
matin, à son arrivée à Saint Cloud, il paraît très éprouvé en trouvant son frère 
inconscient. A huit heures, après une nuit qui lui a semblé interminable, il 
s'en va entendre la messe et prier pour le malade, que la Faculté dit condamné. 
Avant de repartir pour Marly, comme le lui a suggéré Madame de Maintenon, il 
pleure à chaudes larmes et partage l'affliction de son neveu, le duc de Chartres, 
qui en profite pour implorer et obtenir son pardon.
A midi, ce 9 juin, Fagon, 
que Sa Majesté avait prié de veiller au chevet de Monsieur, fait irruption à 
Marly. Sitôt qu'il le voit, Louis XIV comprend qu'il vient de perdre son unique 
frère, de deux ans son cadet, et éclate en sanglots. Il pleure encore lorsqu'il 
passe à table, mais dès les premières heures de l'après-midi, il prend en main 
l'organisation des obsèques solennelles. Le lendemain, il reçoit le duc de Chartres, 
désormais duc d'Orléans, et l'assure de son soutien. La cérémonie funèbre en 
l'honneur de Monsieur, pour qui le roi, sincèrement affligé, a commandé un somptueux 
mausolée, se déroulera le 23 juillet à la basillique de Saint Denis.


Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le 2002
© [email protected]